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Fortich’Mag 01 : un long voyage en Ariège

Fortich’Mag 01 : un long voyage en Ariège

Fortich’Mag, le magazine des Fort’iches qui retrace une aventure particulière. Cette première édition retrace l’aventure extraordinaire qu’a vécue Grégory sur son long voyage au travers des montagnes ariégeoises. Il partage avec vous sa préparation, sa course de l’intérieur et son après course.

Pourquoi avoir participé à l’UltrAriege 2024 170 km ?

J’ai une maison de famille à AX et j’aime beaucoup le coin. Du coup j’ai participé à toutes les éditions. La 1ere sur le 55km avec Guillaume, la deuxième sur le 100km avec Arnaud (abandon au 70eme). L’année dernière j’ai pris ma revanche sur le 100 et cette année, Arnaud étant inscrit d’office sur le 170 (report de l’année dernière) je me suis dis… soyons fou, je me le tente, le 100 miles !!!

Sans les fortiches, ce projet n’aurait jamais pris seulement naissance d’ailleurs… !!!

Quelle préparation as tu mis en place pour effectuer cette course ?

Pour ma préparation, j’utilise en trame de fond une application (RunMotion ) qui me fait faire 4 sorties running / semaine et une séance PPG.

En parallèle, j’ai fait une séance vélo d’intérieur par semaine et beaucoup de renforcement grâce à un livre que fred m’avait recommandé ( fitrun challenge)

Et bien sûr, les entraînements fortiches où j’essaye d’aller le plus souvent possible selon le planning familial. Du coup depuis le début de l’année, je suis à une 60aine de km/semaine.

Mes courses majeures en prépa furent le black Mountain ( 65KM ) , la transaubrac (105 km) et le MDO (30km)

J’ai ensuite fait pas mal de sorties montagnes (parfois avec des fortiches quand coach JB ne me vole pas la vedette…), en essayant de reconnaître différents tronçons de la course.

Quelle était ta plus grosse course avant cet Ultra ?

C’était l’ultrariege 100km l’année dernière.

Quel matériel? As-tu des bâtons ? / As-tu l’habitude d’en utiliser ?

Niveau matériel, rien d’exceptionnel…Un bon sac à dos de trail (le 15L de décath) , chaussures de trail et bâtons.

Niveau bâton, chacun son ambiance, moi j’aime bien en avoir à partir d’un certain dénivelé. Et du coup je me suis pas mal entraîné avec avant.

Combien de temps tu passes aux ravitos en général ?

Sur les courses longues, vu que je suis très loin de jouer le classement… j’aime prendre le temps sur les ravitos, discuter, profiter de la bonne humeur ambiante, prendre le temps de bien s’hydrater et s’alimenter.

Avec ma petite expérience, j’ai constaté que les temps de pause aux ravitos sont tout sauf du temps perdu à la fin …

Comment fait-on pour ne pas avoir mal aux pieds sur une telle distance ?

On a forcément un peu mal… entre la distance, la boue, l’humidité…Moi j’essaye de changer régulièrement de chaussettes (4 fois sur cette course).

Là aussi, chacun ses pieds et ses techniques. Moi j’ai la chance de ne pas faire trop d’ampoules en général.

Malheureusement, il y a toujours des imprévus, et deux grosses ampoules sous les pieds m’ont fait beaucoup souffrir sur les 60 derniers km ce coup ci. Sans des soins sur 2 ravitos , je ne sais pas si j’aurais pu terminer.

Comment tolères-tu les douleurs ?

Difficile à dire mais plutôt bien je pense. De toute manière, quand on se lance sur un ultra, il faut être prêt à surmonter quelques douleurs.

Ce qui est difficile c’est de savoir écouter son corps à la juste mesure, ni trop, ni pas assez pour pouvoir prendre les bonnes décisions.

Comment gères-tu le manque de sommeil ? As-tu des hallucinations ?

J’ai beaucoup dormi la semaine précédent la course et j’ai la chance de bien dormir les veilles de course.

Après, pendant la course, j’ai fait 4 siestes d’environ 20 min. C’était une des inconnues pour moi cette gestion du sommeil et là encore, j’ai préféré assurer le coup.

Je n’ai pas eu d’hallucinations mais je me suis surpris à somnoler et a partir quelques secondes tout en marchant (c’était dans la montée du fourcat), le lever du soleil m’a fait du bien.

Avec le recul et en discutant avec mes différentes rencontres de courses, là aussi, il ne faut surtout pas penser que 30 min de sommeil c’est 30 min de perdue. Pour ma part, j’ai quasiment rattrapé à chaque fois les personnes qui ont continué quand moi je préférais faire ma sieste.

Est-ce que ça parait plus long de courir la nuit ?

Et bien finalement non, les nuits sont plutôt passées vite.

La 1ere était même agréable après les chaleurs torrides de la veille et un lever de soleil magnifique juste à mon arrivée en haut du mont fourcat.

La 2eme a bien commencé, mais nous nous sommes retrouvés en plein orage, en altitude, je me suis retrouvé seul une bonne partie donc un peu flippant.

Comment fais-tu pour t’occuper ? ça passe vite ?

C’est une question qu’on nous pose souvent.

Moi je suis assez solitaire dans l’effort de manière générale. Ça ne me dérange pas de partir pour une balade de 6h le dimanche matin solo sans musique.

Je trouve que ça passe vite oui, je pense… et puis sur les courses, on fait des rencontres, on papote, on noue même des relations amicales.

Penses-tu parfois à abandonner ?

Oui, il y a des moments où on se dit qu’on ne va pas y arriver, quand les douleurs et la fatigue sont trop fortes. Dans ces moments, c’est au mental et à l’expérience qu’il faut faire appel. On a tous des sources de motivation pour nous remobiliser.

Par exemple, les petits messages whatsapp (de mes filles, des amis, des fortiches) que l’on lit aux ravitos font chaud au cœur et nous regonflent un max.

Comment as tu géré la chaleur puis ensuite la pluie ?

Pour la chaleur, quand j’ai vu ce qui nous attendait, je me suis dit, on va y aller tranquillement, en gestion en faisant très attention à l’hydratation. J’ai pris du sel également.

La pluie, une fois bien équipé, c’est moins gênant. Il y a juste eu 30 min d’enfer sous des trombes d’eau. Mais j’ai eu de la chance, je n’étais pas loin d’un ravitaillement, j’ai préféré attendre que ça passe, refaire mes pansements et une dernière sieste…

Qu’as-tu mangé ?

Moi je suis plutôt salé et les ravitos étaient complets donc c’était top. J’ai pris rôti, fromage, beaucoup de vermicelles très salé, riz au lait, pastèque pour la fraîcheur et l’hydratation…

Autrement, je me fabrique depuis quelques temps mes propres barres de céréales que je fais à mon goût et salé.

Pire VS Meilleur moment

PIRE : c’est sous le déluge, ça a fait énormément tomber la température, j’étais sur un coup de moins bien, j’en pouvais plus, j’étais seul, mes ampoules me faisaient très mal, je tremblais…c’est le moment où j’ai le plus pensé à arrêter.

MEILLEUR : il y en a 2

  • Le lever de soleil en haut du fourcat, seul au monde, avec en contre bas les monts d’Olmes où le speaker commençait à chauffer les concurrents du 55km.
  • Mon arrivée main dans la main avec un dernier compère de course, le sentiment et fierté d’avoir réussi mon défi et une grosse pensée à mon papa, qui nous a quitté, mais qui m’accompagne énormément dans les moments critiques.

Assistance/Proche durant la course

Non, je l’ai joué solo ce coup ci, uniquement avec les sacs de délestage mis en place par l’orga.

Quel conseil donnerais tu à quelqu’un qui veut se lancer ce genre de défi ?

Déjà je dirais que ça paraît inaccessible mais bien préparé, c’est à la portée de bien plus de personnes que ce que l’on pense. Il faut juste s’en donner les moyens.

Autrement, il faut y aller crescendo dans les objectifs sur plusieurs années. Je trouve que l’expérience et la connaissance de soi est vraiment le point essentiel sur les longs formats.

Après, il faut prévoir une vraie prépa spécifique d’environ 6 mois avant course.

Comment gères tu la récup ? T’imposes tu une coupure complète ?

Niveau récupération, je n’ai rien fait la semaine suivante en termes de sport. Uniquement des étirements et soins des pieds.

Autrement, je coupe toujours durant mon mois d’août, là c’est vacances, les filles, la famille et les apéros.

J’aime juste courir, de temps en temps pour garder un minimum le rythme, le matin sur mes lieux de vacances pour découvrir le secteur.